Contribuer au développement durable en donnant aux PME les moyens d’exporter est la raison d’être de l’ITC. L’ITC étant une organisation internationale relativement modeste, elle ne peut répondre à elle seule à toutes les demandes d’ATLC. L’ITC travaille généralement en partenariat avec des IAC dans les pays partenaires pour assurer la durabilité à long terme de ses interventions. En 2010–2011, l’ITC affichait une capacité annuelle de formation directe de 1 250 entreprises en gestion de base des entreprises et en gestion des exportations, et a formé 750 entreprises à exporter. Ainsi, l’approche adoptée par l’organisation pour soutenir les entreprises passe par des initiatives personnalisées axées sur le développement des entreprises induit par les exportations, un développement sectoriel intégré, ainsi qu’un soutien indirect aux pays en développement pour élargir le champ d’action de l’ITC.
Assistance personalisée aux PME : cibler les exportations à forte valeur ajoutée et le commerce sud-sud
Le soutien direct aux PME pour leur permettre de réussir à l’exportation est un volet clé de plusieurs projets de l’ITC. Ces efforts sont déployés en collaboration avec les IAC et des consultants locaux dans les pays partenaires pour pérenniser les résultats à l’achèvement des projets.
En 2011, le programme EnACT au Moyen-Orient et en Afrique du Nord a aidé plusieurs exportateurs des secteurs visés à exporter vers les marchés internationaux. Outre le renforcement des IAC et la sensibilisation par le biais de l’intelligence commerciale, le programme est axé sur le développement des entreprises induit par les exportations et le recensement des produits de grande valeur recelant un fort potentiel à l’exportation. Il opère essentiellement par le truchement de consultants locaux et d’experts internationaux pour atteindre les normes exigées par les marchés non traditionnels et établir des relations avec les acheteurs potentiels.
À titre d’exemple, des entreprises marocaines ont amélioré la conception et la qualité de leurs produits en cuir et perfectionné leurs compétences en commercialisation grâce au programme EnACT. Ainsi, en 2011, les entreprises marocaines ont réussi à décrocher de nouvelles commandes à l’exportation de produits en cuir à destination du Japon et de l’Europe, favorisant l’emploi des femmes et des jeunes dans ce secteur. Grâce au programme EnACT, de grandes marques de l’industrie du luxe européennes se sont tournées vers des entreprises marocaines pour en faire des fournisseurs potentiels à long terme et ainsi placer le Maroc sur la mappemonde des produits en cuir de luxe. Dans le même ordre d’idées, des PME tunisiennes et jordaniennes du secteur de l’artisanat ont décroché des commandes initiales en 2011 suite au lancement d’initiatives sur-mesure d’amélioration de la qualité, d’encadrement en matière de commercialisation, ainsi que par la participation à un salon international spécialisé.
En Algérie, les opérations en sont à un stade moins avancé; les Algériennes entrepreneurs ont été confrontées à des débouchés à l’exportation et à des difficultés propres à l’Algérie à travers des ateliers personnalisés. En Égypte, le programme EnACT se concentre sur l’exportation de produits et de services de l’ingénierie à destination du marché africain. EnACT a aussi aidé des entreprises égyptiennes à s’approvisionner en composants automobiles au Maroc et en produits cosmétiques de la Mer Morte en Jordanie. On espère que ces premiers contrats de vente déboucheront sur des relations commerciales intrarégionales durables.
Dans le cadre du projet de Promotion des exportations tunisiennes financé par le SECO, des entreprises choisies des secteurs des denrées alimentaires transformées et des services aux entreprises ont bénéficié d’une assistance et d’un encadrement pour pénétrer les marchés d’Amérique du Nord et d’Afrique de l’ouest, respectivement.
De même, l’ITC a travaillé avec des organisations sectorielles du Bénin pour employer une combinaison innovante de mesures d’accès aux financements, de solutions de téléphonie mobile et de liens avec d’autres marchés africains pour accroître les exportations d’ananas vers le Maroc et les pays ouest-africains voisins. Ce projet, financé au titre du Guichet I de l’ITF, aide les producteurs pauvres à utiliser la technologie pour dégager des revenus. Les premières commandes décrochées au terme de rencontres avec les entreprises ont dépassé le million de dollars américains, et des accords d’exportation à long terme sont en passe d’être conclus entre des exportateurs du Bénin et des acheteurs du Togo, du Burkina Faso et du Maroc.
Le lien tissé entre les entreprises et les chaînes de valeur régionales et internationales est un axe central du soutien personnalisé accordé aux entreprises. En Amérique latine, par exemple, le projet LatinPharma a permis de relier des PME fabricant des produits naturels à l’industrie pharmaceutique de la région. Plus de 700 réunions bilatérales ont été organisées et ont débouché sur des contrats directs d’une valeur dépassant les $E.-U. 3 millions. L’expérience passée de LatinPharma démontre que c’est généralement après une première prise de contact lors de réunions bilatérales que les contrats se décrochent. En 2011, l’ITC a aussi mis en place la Plateforme mondiale d’action faisant le lien entre les entreprises détenues par des femmes et les chaînes d’approvisionnement mondiales.
L’expansion du commerce sud-sud entre la région du Mékong en Asie du sud-est et l’Afrique centrale et de l’ouest est également une initiative phare de l’ITC et de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF). Ce projet conjoint a débuté fin 2011. Des PME ont créé des partenariats entre les régions, lesquels pourraient déboucher sur des transactions d’un montant de $E.-U. 235 millions sur le bois et les produits du bois, les matériaux de construction, les noix de cajou et les produits miniers. Par ailleurs, 36 employés d’IAC et fournisseurs de services aux entreprises (dont six femmes) ont été formés à la formation et à la mise en œuvre de la norme ISO 2000 au Bénin et au Togo. Dix PME de l’alimentation et de l’agroalimentaire ont été soumises à l’audit au Bénin et au Togo par 36 stagiaires en vue de la mise en œuvre de la norme ISO 22000.
Au Tadjikistan et au Kirghizistan en Asie centrale, l’ITC travaille avec des IAC et des PME dans le secteur du textile et des vêtements pour accroître les ventes sur les marchés de la Russie et de l’UE.
Une approche sectorielle de l'appui aux entreprises
L’ITC aide aussi les entreprises à réussir à l’exportation par le biais d’une approche sectorielle intégrée, en recensant les difficultés rencontrées le long de la chaîne de valeur du secteur et en travaillant avec des organisations et des entreprises partenaires pour les surmonter.
Il s’est attaché à soutenir les entreprises via un développement sectoriel tiré par les exportations de produits de base à fort potentiel dans les pays vulnérables. L’AAACP, mis en œuvre par l’ITC avec des partenaires internationaux clés, dont la Banque mondiale et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et des institutions régionales et locales, était centré sur l’élaboration et la mise en œuvre de stratégies de chaîne de valeur pour les produits de base recelant un fort potentiel à l’exportation et pour ceux susceptibles d’avoir des retombées importantes sur la sécurité alimentaire des régions visées. Une stratégie régionale portant sur la chaîne de valeur du coton a été élaborée et mise en œuvre en Afrique et dans d’autres régions l’accent a été mis sur un large éventail de produits agroalimentaires. L’objectif est de tirer parti de chaînes de valeur plus intégrées permettant de produire plus efficacement des marchandises compétitives.
L’AAACP a permis de produire les premiers lots test de café entièrement lavé en provenance du Cameroun et de la République démocratique du Congo, café vendu 25% plus cher sur le marché de l’UE du fait d’une augmentation significative de la qualité produite. Les producteurs de gomme arabique du Mali et du Burkina Faso ont vu leur revenu bondir grâce à l’amélioration de la qualité de leur produit et à l’augmentation des volumes vendus. Les communautés rurales ont compris la valeur des acacias qui produisent la gomme arabique et les protègent à présent, ceux-ci contribuant ainsi à lutter contre la désertification. L’AAACP a permis de vendre du manioc du Libéria à des écoles, à des acheteurs d’aliments pour nourrissons et à des camps de réfugiés situés dans les pays voisins et les ventes d’épices à valeur ajoutée en provenance d’Éthiopie à des acheteurs en Inde ont permis une augmentation significative des revenus de ces communautés.
Dans la filière coton africaine, l’ITC a opté pour une approche régionale impliquant les commissions économiques régionales et les associations en rapport avec le coton pour palier les insuffisances de la chaîne d’approvisionnement et relier les producteurs africains aux marchés d’Asie. Le travail de renforcement des capacités réalisé par l’ITC auprès des entreprises a permis d’améliorer l’image du coton et de nouer des relations commerciales plus solides. Les IAC et les entreprises ont aussi investi dans les infrastructures pour améliorer la qualité du coton produit. Grâce à ce programme, les égreneurs de coton du Malawi, du Mali et de République-Unie de Tanzanie ont réalisé des ventes directes pour un montant de $E.-U. 4,4 millions à destination des grands marchés asiatiques, plusieurs nouveaux contrats étant par ailleurs en cours de négociation. Les exportations du Mali vers les marchés cibles ont augmenté en moyenne de 125%, et les IAC du coton malien ont économisé près de $E.-U. 500 000 en frais de transport jusqu’aux ports ouest-africains grâce aux gains d’efficience réalisés.
Au Samoa, où le secteur des fruits et légumes est prioritaire, six entreprises ont décroché leur certification ISO, ce qui leur a permis d’accroître les ventes à destination des principaux marchés de la région du Pacifique tels que le Japon, la Nouvelle-Zélande et les États-Unis. L’appariement de marchés par l’ITC a facilité les ventes de nouvelles lignes de produits du Samoa et a permis d’accroître les exportations en provenance, entre autres, d’une entreprise communautaire dirigée par des femmes. Les améliorations apportées à la chaîne d’approvisionnement de la noix de coco des Îles Salomon, de même que le produit amélioré à proprement parler, ont attiré des investissements dans des installations d’ajout de valeur pour la noix de coco et les boissons à base de noix de coco, ce qui va permettre de doper les revenus de l’industrie locale.
Les résultats obtenus à la Grenade suite aux interventions de l’ITC dans le secteur de la noix de muscade sont considérables. Ce secteur qui est exploité par les agriculteurs et leur appartient est aujourd’hui une priorité pour le gouvernement. Depuis le lancement du programme de l’ITC dans le pays, les exportations de cette épice ont été multipliées par trois, passant de 200 à 600 tonnes.
Le programme NTF II offre un autre exemple d’approche sectorielle. Lancé en 2009, il se concentre sur l’amélioration de la compétitivité des secteurs qui recèlent un fort potentiel dans cinq pays : TI et services connexes au Bangladesh, arbres fruitiers au Kenya, mangue au Sénégal, rooibos et composants automobiles en Afrique du Sud et café en Ouganda. Les premières étapes de ce programme sur quatre ans portent sur le renforcement des institutions sectorielles. En 2011, les activités de renforcement des capacités dans les domaines clés considérés comme prioritaires par les organisations partenaires ont été menées à bien dans tous les pays cibles. Fin 2011, les parties intéressées en Ouganda ont fini d’actualiser la stratégie applicable à la filière café avec l’appui de l’ITC. Les caféiculteurs ont pu améliorer la qualité de leurs exportations de café dans un laps de temps relativement court grâce à la formation offerte aux associations de caféiculteurs dans les domaines du séchage, du triage et du stockage du café. Au Kenya, la «Fruit Team» créée au sein de l’Association d’exportateurs de produits frais du Kenya travaille avec trois groupes de travail sur les produits de base, y compris de nombreux représentants du secteur privé, pour concevoir une vision stratégique à long terme pour donner un coup de fouet aux exportations d’avocats, de mangues et de fruits de la passion du Kenya. Le secteur privé joue un rôle de taille à l’heure de recenser les contraintes liées à l’offre et de définir les mesures nécessaires pour palier les insuffisances du secteur et améliorer sa compétitivité à l’exportation.
En Afrique du sud, la phase de lancement du programme impliquant une étude de marché approfondie a débouché sur l’adoption conjointe d’une stratégie d’amélioration de la compétitivité du secteur du rooibos, et cette stratégie a commencé à être mise en œuvre. Un outil d’analyse des lacunes a été conçu pour le secteur des composants automobiles et un plan d’action visant à améliorer la préparation à l’exportation des fabricants de deuxième rang a été entériné par les parties intéressées. Le plan du projet NTF I Sénégal a été signé par tous les partenaires pendant la Huitième Conférence ministérielle de l’OMC en décembre 2011. Dans le cadre de ce projet, les PME de la filière mangue utilisent l’étude relative aux débouchés du marché complétée en partenariat avec l’ITC pour pénétrer de nouveaux segments de marché et améliorer leur position sur les marchés d’exportation. Au Bangladesh, quelques entreprises bénéficiaires du secteur des TI et des services connexes ont décroché des contrats pilotes avec des entreprises européennes, et ce grâce aux efforts déployés au titre du NTF II pour nouer des relations commerciales. Ce succès initial devrait vraisemblablement mener vers des contrats de sous-traitance plus réguliers pour les PME bangladeshi, ce qui permettra d’accroître les exportations et de créer de nouveaux emplois pour les jeunes.
L’ITC aide aussi de plus en plus d’entreprises des secteurs des services et des industries créatives. Dans les Caraïbes, l’ITC a travaillé avec succès avec des partenaires pour développer et organiser les industries créatives naissantes de la région, grâce à des fonds de l’UE, afin de soutenir les entreprises à l’exportation. Par le biais de formations, de tutorats et par la participation à des foires commerciales, des producteurs d’Haïti, de la Jamaïque, de la Barbade, de la République dominicaine et de Trinité-et-Tobago, sont aujourd’hui mieux à même de tirer parti de l’industrie du tourisme qui occupe dans leur pays une place de premier plan. Une nouvelle collection d’artisanat appelée «Contemporary Caribbean Design» a été lancée et présentée lors du salon du Design Caribéen organisé en République dominicaine, après que les entrepreneurs aient bénéficié d’une aide pour améliorer la conception et la qualité de leur produit. Le salon a aussi bénéficié d’un appui par le biais de cette initiative, et les entreprises ont vendu plus de 90% de leurs produits. Certains producteurs ont pris contact avec de grandes entreprises de la branche.
Le Programme de la SADC sur la chaîne d’approvisionnement et la logistique, financé par le Gouvernement flamand, porte sur la mise en valeur des chaînes de valeur agricoles dans des pays d’Afrique australe choisis et les relie à des marchés adaptés. Grâce à ce programme, 15 exploitations produisant des fruits à pépins et à noyaux dans la région du Cap occidental en Afrique du sud, qui emploient au total 200 personnes à temps plein et 1 000 travailleurs saisonniers, ont consolidé leurs liens avec les supermarchés et les agents d’exportation et ont amélioré la sécurité sanitaire des aliments ainsi que la qualité de leurs produits. Au Malawi, les petits exploitants agricoles ont amélioré la productivité de leurs exploitations et la qualité de leurs produits. De ce fait, les familles d’agriculteurs ont vu leur revenu augmenter par la fidélisation de leurs clients sur les marchés officiels du Malawi. Les producteurs du Mozambique ont décroché des premiers contrats de vente d’huile de marula à un acheteur sud-africain après avoir bénéficié d’un renforcement de leurs capacités et d’investissements dans les infrastructures de broyage des graines de marula pour fabriquer de l’huile de qualité à plus forte valeur ajoutée destinée à l’exportation.
Multiplier le soutien de l'ITC aux entreprises
Les approches sur-mesure et de développement sectoriel de l’ITC ne bénéficient qu’à un nombre limité d’entreprises de par le monde. Afin d’élargir le champ d’intervention de l’organisation, l’ITC conçoit des programmes systémiques ayant pour but de démultiplier le soutien offert aux entreprises pour développer leurs exportations. En accréditant les IAC pour leur permettre d’administrer les systèmes dans leurs pays respectifs, l’ITC fournit aux institutions un avantage compétitif pour reproduire la méthodologie de l’ITC, et ainsi fournir indirectement les services de l’ITC.
Le MLS-SCMè est la parfaite illustration de l’approche «one-to-one-to-many». Le programme, financé par la Suisse, vise à bâtir un réseau d’institutions partenaires offrant des programmes de formation sanctionnés par un diplôme en gestion de la chaîne d’approvisionnement aux PME des pays en développement. La structure du programme a été accréditée selon les normes ISO. Fin 2011, des institutions de plus de 50 pays étaient habilitées à offrir le MLS-SCMè, huit nouvelles institutions ayant rejoint le programme pendant l’année. Ces institutions ont accès à des formateurs qualifiés, ont défini leurs groupes cibles et leur offre de cours, sont en mesure de concevoir des cours et des stratégies de commercialisation du programme. En 2011, 5 400 examens MLS-SCMè ont été passés. Au total, le programme MLS-SCMè assure quelque 260 000 heures de formation par an à 21 000 participants. Chaque institution partenaire MLS-SCMè organise en moyenne 26,5 ateliers de formation, soit 378 heures par institution. L’ITC à lui seul ne pourrait pas en faire autant.
Une philosophie semblable est suivie dans le Programme de conseillers commerciaux agréés (CTAP) de l’ITC, en vertu duquel l’ITC renforce les capacités des conseillers commerciaux pour leur permettre d’encadrer et de guider les entrepreneurs pour les mener vers la réussite à l’exportation. En 2011, le CTAP a été intégré à un grand nombre de programmes d’envergure. Avec l’appui de l’UE, l’ITC a activé un réseau de conseillers de PME formés à appliquer la méthodologie de l’ITC et à assurer ses formations dans les domaines de la gestion de la qualité, du conditionnement et de la gestion de la chaîne d’approvisionnement. Fin 2011, les instituts du conditionnement du Ghana et du Kenya avaient organisé des programmes de formation à l’intention de cadres de PME grâce aux experts formés par l’ITC et au matériel didactique de l’ITC.